Nicolas et son Noël de Noël

« Nicolas et son Noël de Noël »

Dans un petit village, tout en haut d’une montagne, cinq chaumières croulent sous la neige qui forme une couverture duveteuse. La fumée monte haut dans les cieux, les bûches se consument dans les cheminées. Près du feu, tricote la grand-mère de Nicolas, une vieille femme qui élève seule son petit-fils. Elle lui fait une belle écharpe pour son cadeau de Noël. Ce sera son unique paquet sous les branches du sapin. Nicolas, orphelin depuis la naissance, a fêté ses onze ans quelques semaines avant l’hiver. Il est malheureusement le seul garçon de son âge dans le hameau et s’ennuie terriblement.


Une nuit de décembre, Nicolas sort discrètement de la chaumière de sa grand-mère muni d’une torche pour découvrir la belle nature nocturne qui crisse sous ses pas ; les étoiles scintillent dans un ciel dégagé. Au loin, des hiboux hululent dans le vent. Du bois craque sous les pas des animaux. Nicolas avale une grande bouffée d’air : il retrouve toutes les odeurs de son enfance dans les hauts sapins enneigés. Il pénètre alors dans la grotte du Grand Pic, où coule une petite source d’eau pure. Des gémissements aigus se font entendre dans un coin. Nicolas s’approche et éclaire de sa torche un petit corps tout noir qui remue faiblement dans l’humidité des lieux. Un chiot tremble de peur et grelotte de froid. Lentement, il le prend dans ses bras et le serre contre lui dans son blouson.


Arrivés à la maison, il entre précautionneusement et donne du lait dans une soucoupe au petit animal transi de froid. Il attrape une vieille couverture et le roule dedans pour le réchauffer. Quand l’animal s’endort, il se rend compte avec stupéfaction qu’il ne s’agit pas d’un chien… mais d’un loup ! Epuisé, Nicolas s’enfonce dans un profond sommeil au coin du feu, la petite bête blottie au creux de son ventre. Au matin, sa grand-mère les découvre et s’aperçoit elle aussi, horrifiée, de la nature de l’animal. Elle réveille doucement son petit-fils et lui demande de faire sortir tout de suite le louveteau. Ce dernier pleure et émeut la vieille femme qui accepte les supplications du garçon. Le louveteau restera à la maison.


Les jours suivants, Nicolas nourrit le petit animal avec du lait de chèvre et peu à peu il reprend des forces et du poids. En l’espace de quelques semaines, le nouvel arrivé baptisé Noël grandit de plus belle. Ses crocs poussent et deviennent de véritables poignards acérés ! Les voisins, inquiets, entendent à présent des hurlements assourdissants en provenance de la maison de la grand-mère. Des poules disparaissent régulièrement dans les maisons alentours. Les bergers craignent pour leurs troupeaux et exigent le départ de celui dont ils ont compris la nature…

Nicolas refuse de se séparer de son nouvel ami. Il le cache dans la grange et lui apprend à se taire : Noël comprend qu’il doit impérativement cesser de hurler. Mais, malgré cet espoir de vie heureuse, Nicolas est triste : le 25 décembre approche et il sait qu’il n’aura d’autre cadeau que les vêtements tricotés par sa grand-mère avec la laine de leurs moutons. Ils mangeront un gros canard bien gras qu’ils nourrissent depuis des mois.

Le matin du réveillon, Laurane, la femme du berger de La Pierre fendue, sort de chez elle avec ses deux petits garçons, Paul et Emile. Elle se dirige vers la forêt pour cueillir du houx et du gui ; elle veut décorer avec soin sa table de fête. Les enfants se courent après dans la neige et se lancent des boules dans tous les sens. Tout le monde rit, les joues rouges, emmitouflé dans des bonnets, des écharpes et des manteaux moelleux. Emile pousse un cri strident lorsque son frère lui jette une boule en plein visage… La montagne gronde soudainement et le sol se met à trembler. Terrifiée, Laurane attrape ses fils et les serre contre son corps alors qu’une coulée de neige s’abat sur eux et les ensevelit. Le calme règne à nouveau, angoissant.

Le berger a entendu la montagne s’effondrer. Inquiet, il part à la rencontre de sa famille mais ne trouve personne. Après avoir alerté les autres villageois, tout le monde s’équipe et les recherches débutent. Le temps passe et les disparus restent introuvables. L’effroi se lit sur les visages. Quel horrible Noël se prépare cette année ! Alors que les adultes perdent espoir, Nicolas harnache son jeune loup et rejoint les équipes de sauvetage discrètement. En quelques secondes, le flair de l’animal repère l’odeur des victimes et ses pattes creusent immédiatement la neige. Quelques instants plus tard, les trois miraculés sont enroulés dans des couvertures épaisses alors que les pompiers arrivent.

Chacun rentre chez soi, soulagé. Le réveillon se présente bien mieux qu’il ne le laissait espérer dans l’après-midi. Des hommes de la fourrière arrivent pour emmener l’animal mais le berger, suivi de tous les habitants, s’y oppose. En effet, Noël a sauvé des vies et il pourrait en sauver d’autres à l’avenir. Fou de joie, Nicolas enlace son petit loup et s’apprête à rentrer réveillonner chez sa grand-mère.


Finalement, Nicolas fête le réveillon avec tout le village dans la salle communale ; chacun a apporté le dîner prévu qui sera partagé. Le louveteau reçoit un beau morceau de dinde en cadeau. L’enfant est heureux, il ne se sent plus seul, c’est son plus beau Noël…


Classe de 6e B, décembre 2006.