Les Plumes de la Trézence
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Les Plumes de la Trézence

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 Amertume

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2 participants
AuteurMessage
camille
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camille


Nombre de messages : 14
Age : 30
Localisation : Collège de la trézence
Date d'inscription : 10/10/2007

Amertume Empty
MessageSujet: Amertume   Amertume Icon_minitimeDim 9 Mar - 17:57


Liza est là, sur la dune. Les embruns de l’océan se collent à son visage troublé. Il y a quinze ans qu’elle est partie. Elle a longtemps vécu ici, à Chaucre. L’odeur et le goût de ces embruns, ce picotement, elle les connaît par coeur. Elle se souvient…

C’est à l’âge de quatorze ans que commence son histoire. Elle a vécu quelque part entre ces arbres sinueux des dunes et ces vieilles cabanes de pécheurs. Ce village, c’est son passé, un petit bourg oléronais. C’est Trestan un vieux marin au visage endurci par le temps, le vent et le sel qui a élevé la jeune fille. Ce goût pour la mer, il l’a inculqué à Liza. Ce qu’elle a toujours préféré, c’est lorsque la mer est grise et déchaînée. Souvent, elle marchait durant des heures, sentant son visage rougir sous le vent et ses pieds s’irriter à cause du sable. Mais elle rentrait toujours chez elle heureuse, les yeux plein d’infini et le cœur léger. Elle passait alors sa langue sur ses lèvres. Une étrange sensation la parcourait, en l’instant d’un frisson elle n’était plus vraiment elle. Elle voyageait au-delà des frontières, au delà des rêves…

La jeune fille marche sur la plage, il est à ses côtés
Il c'est Adrien, son passé, son présent, son avenir...

Adrien, c’était l’enfant de la mer, arrivé par erreur. Il habitait, à deux pas de chez l’oncle Trestan, une petite cabane de bois. C’était le mystère du village, il était toujours seul. Mais peu lui importait, il vivait pour la mer. C’était un inconnu pour lui-même, un de ces braves petits qui ne demandent rien. Liza pourtant le comprenait ; tout comme elle, c'était un rêveur. Les jours gris lorsque la plage était déserte, elle l’apercevait. Elle l’observait, et elle sentait bien souvent le regard noir du jeune homme sur son corps. Sans jamais lui avoir adressé la parole, elle l’aimait.

Un jour particulièrement orageux, elle ne put s’empêcher de l’approcher. Elle s’assit à ses côtés, déterminée à ne plus bouger avant d’avoir entendu sa voix. Elle ne cilla pas. Elle ne respirait plus. Le soleil commençait à disparaître à l’horizon et Adrien était toujours immobile. Liza n’avait plus la notion du temps. Le soleil disparaissait, il décrocha son regard de l’horizon. Il se tourna vers Liza. Celle-ci était paralysée devant l’immensité de ses yeux noirs. Le vent s’était levé, les cheveux d’Adrien lui balayaient le visage. Ils étaient tout proches à présent, elle le sentait. Il avait la peau douce. Il se rapprocha encore un peu plus… Liza ne pouvait plus reculer à présent… Elle l’avait tant attendu… Elle ne se souvient pas vraiment de ce qui s’est passé, seulement de cet étrange instant où ils se sont embrassés. Ce fut comme une décharge électrique parcourant tout son corps. Il se leva, elle ne bougea pas. Il a juste murmuré :

- Il est l’heure…
Et il s’éloigna. Liza le retint un instant et lui glissa à l’oreille :
-Qui es-tu ?

Il partit sans répondre à cette question… Liza rentra chez elle dans un état second, entre euphorie et léthargie. Le lendemain matin, Liza se leva très tôt. Elle était impatiente de le voir à nouveau. Elle le savait, il l’attendrait sur la plage. Elle avala rapidement une tartine de pain, noua ses longs cheveux, enfila tant bien que mal un vieil anorak et sortit sur le chemin côtier. Elle courait presque à l’allure des battements de son cœur. Ses pieds foulèrent enfin le sable, elle grimpa sur la dune, jetant des regards de tous côtés. L'endroit était désert. Le vent sifflait dans les oreilles de la jeune fille, paniquée, trahie, abandonnée. Elle avança jusqu’à l’eau, ne s’arrêta pas. Elle sentit l’eau s’engouffrer dans ses bottes puis, juste sous le nombril, elle ressentit une étrange froideur. Tout son corps était engourdi, elle était sûre de ce qu’elle faisait et avançait d’un pas décidé. Une vague l’attira vers le fond, elle avala une grande gorgée d’eau. La tête lui tournait, elle eut un haut-le-cœur et sombra dans un noir complet.

Un nouveau choc se produisit en elle. Ses poumons se remplirent d’air frais, pur. Elle rouvrit les yeux, tout lui paressait flou. Cependant elle distingua son oncle au visage déformé par la crainte. Il se détendit lorsqu’elle lui parla, elle était saine et sauve. Liza était toujours sur la plage, trempée de la tête aux pieds, la mer était basse. Elle tremblait de rage et de froid.

Le lendemain, elle quitta l’île, seule, laissant son oncle, trop attaché à ce village. Elle se promit alors de ne plus jamais y retourner, d’oublier Adrien et les événements récents.

************


C’est une belle femme à présent, elle vient de finir ses études, la vie lui sourit, elle est heureuse. Elle a tout oublié. Pour elle tout cela est du passé. Il y a quelques jours pourtant, un flot de souvenirs a failli la noyer une seconde fois. Elle a reçu une lettre de Chaucre. Elle l’a ouverte en tremblant. Trestan est mort. Elle a eu besoin de s’asseoir pour ne pas tomber. Elle s’en voulait de ne pas avoir veillé sur son vieil oncle à cause d’un inconnu. Les yeux lui piquaient. Elle devait y retourner, pour la mémoire de Trestan. C’était son devoir. Ce jour-là, elle n'a parlé à personne, a évité les regards intrigués des habitants. Une partie d’elle-même est ici, sur cette dune…

On lui tapote l’épaule, elle sursaute et manque de s’évanouir à la vue de ce visage familier. Elle est perdue. Comment oublier ces yeux noirs et profonds, ce visage fin, ces cheveux en bataille ?

- Et toi, qui es-tu ?

… cette voix ! Une larme coule le long de son visage, lentement, très lentement. La petite goutte glisse le long de ses joues roses, continue son chemin jusqu’à ses lèvres. Elle reconnaît cette sensation, ce picotement. Elle reconnaît ce goût, le goût du sel.




*


Dernière édition par camille le Jeu 3 Avr - 14:12, édité 1 fois
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Antigone
Petite plume
Antigone


Nombre de messages : 19
Date d'inscription : 08/11/2006

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MessageSujet: Re: Amertume   Amertume Icon_minitimeDim 16 Mar - 19:06

Je ne connais pas les résultats du concours mais j'ai beaucoup apprécié ton travail.
Félicitations à toi, Camille.
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Amertume
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