Le soir venu, dans la nuit, la rumeur de mes fantômes s'éveillent. Le noir m'enveloppe et m'étouffe. Il fait chaud dans la chambre des ombres. Une goutte de sueur perle sur mon front, dans mon cou... Mon coeur bat et m'arrache la poitrine. Mais quand le jour se lèvera-t-il sur nos erreurs, sur nos errances? Mais quand les premiers rayons du jour me libéreront-ils de cette angoisse?
La nuit a enrobé notre zéphyr de joie et a avalé le brin de vivacité nécessaire chaque matin à nous lever sans trop de peine.
Et dans ce monde de noir et de gris, je suis là et lasse, hélas ! Et dans ce monde de béton et d'acier, je ne suis qu'une poussière qu'on balaye, qu'on traque, qu'on aspire. Une poussière de plus mais sans plus. Je suis le rien balancé au grès du vent et malgré tout cela j'ai un coeur qui bat, qui souffre, qui hurle, qui a toujours peur de disparaître de se taire. Terrorisée, atterrée à l'idée de ne plus pouvoir parler de ce qui lui plaît, d'être comme il lui plaît. Et il a peur de ne plus pouvoir apprécier les bonheurs simples qui lui sont offerts. Il ne faut presque rien pour animé cette petite flamme. Une odeur de famille, une fleur offerte, un verre de grenadine et un arrosoir rouillé dans le jardin de mémé. Voilà le bonheur. Qui se raréfie et s'essouffle.
Apprend à vivre comme tout le monde !
Mais je ne veux pas disparaître, je ne peux pas renoncer.
Il le faudra un jour.
Si il le faut, j'en mourrai !
Et bien meurt petite. Hurle jusqu'à ton dernier souffle. Et si ta vie se résume à sentir à une pâquerette, tu ne tiendras pas longtemps. Et si ta vie se résume à sauter dans une flaque d'eau, tu attendras bien longtemps.
Oui j'attendrai la pluie, et je bouderai tout compromis. Si le chemin est tout de goudron, j'attendrai de voir une fleur et je rirai de vous voir, pressés, réduits à la monotonie. Assise au bord du sentier de la vie, je me rassurerai en me comptant les histoires d'un autre temps. Pour ne pas disparaître avec lui.